Notre propre schéma éducatif ou encore notre environnement nous font souvent croire que certains agissements ou comportements sont justifiables voir même normaux. Nombreux sont donc ces adultes qui pensent en toute « bonne foi » qu’utiliser les VEO « c’est de la bonne éducation » et qu’il n’existe pas d’autres moyens pour que l’enfant devienne « quelqu’un de bien ». D’après eux, c’est de cette manière que l’enfant pourra mieux apprendre, progresser et surtout bien se comporter. D’ailleurs pour ces adultes, il ne peut pas y avoir de « bonnes éducations » sans VEO, ce qui est compréhensible quand on constate que la majorité des adultes ou des professionnels de l’éducation  ont été élevé avec des punitions, des fessées, des menaces, des humiliations, des insultes, des fausses promesses…ils reproduisent(sans connaitre l’impact de ces violences sur les enfants) généralement la façon dont ils ont été eux-mêmes éduquées sans y avoir réfléchi, sans vouloir ou pouvoir remettre en cause leurs parents. Il peut aussi être très douloureux de revenir sur sa propre enfance, de critiquer, de remettre en question l’éducation qu’on a reçu, de pointer ses parents du doigts.

Alors qu’est-ce qu’une VEO ? quelles en sont les conséquences sur un enfant ? comment s’en éloigner ?

La violence éducative ordinaire désigne les violences physiques, psychologiques et verbales, souvent admises et tolérées, que nous faisons subir à nos enfants à titre éducatif. De la fessée à la tape sur la main en passant par l’humiliation, l’amour conditionné, les menaces, la culpabilisation des enfants ou le chantage. On parle alors de maltraitance, même si le mot peut paraitre fort. Elle est dite « éducative » parce qu’elle fait partie intégrante de l’éducation à la maison, à l’école, bref dans tous les lieux de vie de l’enfant. Et « ordinaire » parce qu’elle est souvent quotidienne et considérée comme normale, banale, anodine et parfois même encouragée par certains de nos proches. Qui n’a pas encore entendu un proche lui dire « laisse ton bébé pleurer, de toutes les façons il finira par se calmer seul. » ou encore « Attention, votre enfant vous fait marcher/manipule…vous ne devez pas vous faire manipuler par votre enfant sinon il risque de vous déborder et vous ne saurez plus comment faire… » ; pour ma part ce genre de discours conforte les parents dans l’idée qu’il faut « corriger les enfants dès la plus tendre enfance. Le fait d’appliquer ces VEO sans toutefois réfléchir ne permet pas de comprendre les particularités de l’enfant, sa grande fragilité émotionnelle, l’immaturité et la vulnérabilité de son cerveau. Du coup je me demande dans la relation enfants-parents, qui a la place dominante ? qui est le plus fragile ? lequel des 2 tyrannise l’autre, le parent ou l’enfant ? de toutes les façons, le rapport enfants-parents est inégalitaire moralement et physiquement. Le parent domine l’enfant par son emprise morale, psychologique, intellectuel, mais surtout par sa force physique.

Les VEO sont pratiquées par certains adultes dans le but « d’éduquer » l’enfant ou de modifier un comportement juge « inacceptable », sauf que ces VEO sont graves et peuvent avoir de lourdes conséquences sur les enfants : agressivité, troubles de l’attention, dépression, manque de confiance et d’estime de soi… des enfants qui ont subi des VEO sont perturbés à l’âge adulte dans leur façon de vivre par exemple, leur capacité à s’épanouir et  à mener une vie en rapport avec ce qu’elle souhaiterait. Le plus souvent, l’enfant ne se révolte pas contre ses parents, mais toute cette violence accumulée se déverse sur ses amis de classe, ses frères et sœurs, puis plus tard sur le/la conjoint/e et ses propres enfants. Un enfant qu’on frappe trouve normal de frapper et inversement ou un enfant qu’on humilie prend souvent l’habitude d’être humilié et trouve normal d’humilier les autres. La violence subit apprendra à l’enfant à régler les conflits par la violence et le rapport de force. Les violences physiques (la fessée, la gifle. Donner des coups de pieds, bousculer, pincer, pousser, saisir brutalement un enfant…) apprennent par exemple à l’enfant que l’on peut être frappé parce que l’on est aimé ou que l’on peut frapper parce que l’on aime quelqu’un et de ce fait la violence devient une norme.

Le but de cet article n’est pas de faire culpabiliser, mais de faire prendre conscience et de réfléchir. De manière générale, il est important d’éviter les douces violences car elles ont un impact négatif sur le développement du cerveau d’un être humain.
Il est important de penser qu’un enfant est un humain à part entière avec ses avis, ses choix, ses propres réflexions. Il ne s’agit pas de le laisser faire tout ce qu’il veut, ou de lui laisser un tas de choix (car c’est mauvais aussi pour son cerveau), mais plutôt de lui montrer que ses idées comptent. Bien sûr, il n’est pas question non plus de le laisser se mettre en danger. Mais pensez bien que parfois, nous pensons que quelque chose ne se fait pas alors qu’en réalité, pourquoi pas. Tant qu’il n’y a pas de danger pour sa santé physique et mentale.

                Comment s’éloigner des VEO ?

Tout comme l’enfant est invité à réparer au lieu d’être puni, nous, en tant que parent, pouvons réparer nos gestes et nos paroles trop vite envolés. Plaçons-nous à la hauteur de l’enfant, demandons-lui ce qu’on peut faire pour prendre soin de lui, expliquons-lui que nous sommes particulièrement fatigués(e), stressé(e) à ce moment donné de notre vie, et que notre geste/parole a dépassé notre volonté et notre amour pour lui. Rappelons-lui combien nous l’aimons, et que nous l’aimerons toujours, quoiqu’il arrive.
En tant qu’être humain, nous avons tous des failles, et sommes tous vulnérables face à autrui, adulte comme enfant. Cela n’est plus dramatique si on en prend conscience, si on admet le problème, que l’on a l’intention de prendre soin de l’autre et que l’on fait ce qu’il faut pour réparer. Avec la prise de conscience vient le début du cheminement vers d’autres habitudes, de nouvelles démarches qui, ajoutées les unes aux autres, avec les efforts de chacun, aboutiront à un monde meilleur avec des êtres humains bienveillants.

Mieux que la réparation, il existe aussi la prévention. Interrogeons-nous sur nos comportements, et nos véritables objectifs et souhaits en tant que parents :
qu’est-ce qui est réellement important pour nous ? que l’enfant reste à table jusqu’à ce que tous les adultes aient terminé, ou bien que notre enfant se sente heureux, non pas contraint et humilié devant d’autres ?
Quel genre d’individu voulons-nous voir grandir avec nous ? un enfant croulant sous les contraintes et les soumissions issus d’un monde d’adultes, ou bien un petit être heureux, libre de se développer à son rythme et selon ses propres besoins ?

N’hésitons pas à lâcher prise : il n’y a pas et il n’y aura jamais d’enfant parfait, pas plus qu’il n’y a de parent parfait. Toutes ces anciennes méthodes, notamment les rites autour du repas, du coucher, les obligations de politesse ou d’attention envers des personnes que l’enfant ne connait ou ne reconnait pas, ou n’apprécie pas, font-elles réellement du bien aux enfants ? ou bien, au contraire, est ce que cela ne nous engage pas dans des conflits et un mal-être quotidiens ? Essayons de nous placer à la place des enfants, essayons surtout de nous souvenir de ce que nous ressentions, nous-mêmes, étant Enfant, en toute honnêteté et sans se mentir, cela aide beaucoup à modifier la donne.
Reconsidérons nos priorités, méditons, désacralisons ce qui nous a construits : évoluons, changeons, vers un monde meilleur pour les enfants.

Afin de se débarrasser des douces violences éducatives, il faut surtout ne pas être dans le déni, mais au contraire accepter que l’on en fait et qu’elles ont un impact négatif sur l’enfant ; il faut aussi vouloir changer. Bien entendu, cela ne se fera pas en une journée, en une semaine ou même en un mois. Il faut prendre le temps d’y réfléchir, et d’engager une réflexion globale et quotidienne : est- ce que ce geste/cette parole est une douce violence ? est-ce que cela blesse mon enfant ? est-ce que cela nous éloigne l’un de l’autre ? pourquoi est-ce que je fais cela sans m’en rendre compte ? comment puis-je m’en débarrasser ?

Sinon avez-vous déjà entendu parler des douces violences éducatives ordinaires ?  Vous comprenez mieux ? Comment vous sentez-vous ?